Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

samedi 27 avril 2013

Le pays est " flicé "


Cette phrase qui ornait les murs de ma ville il y a plus de 20 ans m'a toujours mise de bonne humeur...

La toute première fois que j'ai vu la Chine c'était en 1981 depuis une colline des Nouveaux Territoires de Hong Kong. Je ne connaissais rien de ce pays, les médias n'en parlaient pas au quotidien. C'était mystérieux, dangereux, interdit... magique. Je ne me lassais pas de le voir de si près, pourtant le paysage qui s'étendait au-delà de la frontière n'était en rien spectaculaire. Mais la frontière l'était, gardée à double tour et ce déploiement de gardes m'a fascinée. En fait, il devait s'agir d'un no man's land instauré par les autorités britanniques le long de la frontière destiné à arrêter les flux d'immigrants clandestins.


Quelque douze ans plus tard une brève incursion dans l'Empire du Milieu ne m'a pas rassurée. Pourtant, je connaissais des gens pas particulièrement héroïques qui s'y étaient rendus... et en étaient revenus. Même il y a six ans, alors que je n'envisageais pas du tout de venir y vivre, toutes ces forces de l'ordre qui surveillaient la Place Tian'anmen me faisaient un peu peur, il fallait bien se tenir, sinon... sinon quoi?

Maintenant, je sais que tous les gens en uniforme n'appartiennent pas aux forces de police, nombreux sont des employés de compagnies de sécurité privées et que je peux traverser en-dehors des clous sans risquer de perdre ma liberté. Je ne me lancerais toutefois pas dans des délits plus graves.


Alors quel n'a pas été notre étonnement lorsque hier soir en remontant la bien tranquille Wulumuqi Lu de voir tant de monde la surveiller, des policiers, des vrais, à moto, en voiture, et des gardes de la catégorie de ceux qui nous font traverser la rue. Pas de doute, quelque chose d'important allait se passer, il fallait rester, tant pis, nos estomacs devraient patienter. Nous ne savions pas ce que nous attendions, mais nous n'étions pas les seuls.


J'imagine qu'à Pékin des dignitaires du monde entier doivent défiler sans arrêt. Mais ici, à Shanghai, au sud de la Concession française, au pied de notre immeuble?


La caravane a passé, le trafic a repris et nous nous sommes éparpillés sans savoir qui nous avions vu défiler.


Ce n'est que ce matin en lisant le journal que j'ai appris que François Hollande avait passé en coup de vent, vendre des Airbus et du saucisson aux Chinois et congratuler des étudiants à l’université de Jiao Tong dans notre quartier en citant Deng Xiaoping, c'est de bon ton à Shanghai. 

vendredi 26 avril 2013

Marketing KO


Je me décide à attaquer ce sujet au moment où j'écoute un débat sur les risques pour les entreprises occidentales d'être rachetées par des Chinois. Or, il existe aussi des "marques" chinoises qui s'attaquent au marché international.

Li Ning est une entreprise chinoise fondée en 1990 par le gymnaste Li Ning. En 2005, Li Ning crée une joint-venture avec le fabriquant français AIGLE, lui procurant l'exclusivité pour la distribution des produits de la marque en Chine pour 50 ans. En 2006, son chiffre d'affaires s'élevait à 418 millions de dollars, pour un profit d'environ 39 millions de dollars. En mars 2007, la marque comptait 4297 revendeurs. En janvier 2010, elle installe le siège social pour les États-Unis et un magasin pour ses produits phares à Portland. En janvier 2011, elle rachète Acquity Group, basé à Chicago, pour étendre sa distribution et sa visibilité en Amérique du Nord.

Li Ning portant la torche olympique
à Pékin en 2008
Li Ning ( 李宁; Lǐ Níng) est un gymnaste chinois, triple champion olympique à Los Angeles en 1984 devenu plus tard entrepreneur. Né le 8 septembre 1963 à Liuzhou dans la région autonome du Guangxi, il a notamment fait des études de droit à l'Université de Pékin et a été le dernier porteur de la flamme olympique le 8 août 2008 lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin.


Pour lancer une nouvelle ligne, Li Ning Co Ltd a mis les petits plats dans les grands en engageant la star de basketball Dyane Wade, resplendissant avec son nœud papillon doré, pour lancer une ligne de chaussures qu'il a contribué à créer. Il faut dire que la marque ne va pas aussi bien que prévu. Piquer Wade à Nike pour 100 millions de dollars (sur 10 ans) a été un joli coup. On applaudit.

Elles ont l'air bien jolies....
L'ennui est que Li Ning a oublié de mettre en place une stratégie de vente. En fait, les belles chaussures ne sont pas disponibles sur le marché. Dommage ! Mais un peu chinois tout de même...

Ici, on aime les marques
Des analystes commentent : La publicité faite autour du lancement n'aurait eu pour but que de convaincre les consommateurs chinois qu'une marque locale pouvait être reconnue aux USA.

mercredi 24 avril 2013

Huîtres et champagne à gogo


Je ne cours pas après les events internationaux, j'aime bien me savoir en Chine plutôt que dans une bulle. Cependant, il m'arrive de réaliser que j'habite à Shanghai et que cette ville cosmopolite est l'endroit où les étrangers viennent prendre une tranche de Chine et où les Chinois, principalement des provinces, viennent se frotter aux étrangers. Il n'est d'ailleurs pas rare que l'on nous demande de poser sur des photos. C'est pour cette raison, pour me rappeler que Shanghai a aussi cette vocation, que j'ai accepté d'aller au "Shanghai Oyster Festival" deuxième du nom. Aussi parce que j'avais l'occasion d'être en agréable compagnie.


Ce festival avait lieu aux Cool Docks II, c'est un bon prétexte pour parler de cet endroit étonnant. Nous y étions allés en 2011 pour la première fois, c'était tout vide. Ce qui était annoncé comme le nouveau quartier à la mode était un rassemblement de restaurants dans un quartier sans grand intérêt, sans station de métro à proximité, accessible en taxi, mais difficile d'en repartir parce que les taxis ne traînaient pas dans le coin, forcément puisque les clients étaient rares. Idem en été 2012. Ce complexe a été construit sur les décombres des docks de Shiliupu, au bord du Huang Pu, au sud du Bund. Les investisseurs se sont précipités dessus juste avant l'Expo 2010 pour en faire un complexe mélangeant architecture traditionnelle (des shikumen) et modernisme autour d'une place avec fontaine. La première vague d'établissements a été modifiée, certains sont restés alors que d'autres se sont déplacés vers des endroits plus fréquentés et d'autres ont dû fermer leurs portes. Il semble pourtant qu'avec le développement de Cool Docks II et le dynamisme de certains commerçants, notamment en créant une plage artificielle au bord de la rivière et de nombreux festivals, le quartier commence à s'envoler. Les Cool Docks vont peut-être devenir cool.

Cool Docks I avec fontaine

Une jolie vue, mais pas le 20 avril 2013
Cool Docks II
Des bars qui n'attendent que les clients
La plage artificielle



























Lors de ce festival, tout a commencé de manière très civilisée : faire la queue pour sa flûte de champagne, attendre en ligne serrée pour deux ou trois huîtres préparées selon différentes recettes par différents restaurants du coin. Recommencer...

Huîtres cachées sous des rondelles de pomme
Et soudain, on a vu les filets d'huîtres prendre place sur les tables, les clients sortant gants et couteaux alors que d'autres allaient chercher des bouteilles. En quelques minutes, le festival est devenu une kermesse, les groupes se sont mélangés sur fond musical. Les Chinois témoignaient d'une grande agilité et rapidité à ouvrir les coquilles, un peu étonnés lorsque Fred leur montrait une petite cicatrice au bas du pouce causée par un glissement de couteau il y a quelques années. 




















Pourtant, ce n'est pas la pitié qui nous a valu de nous faire de nouveaux amis. Non, arrivés tôt à la manifestation, nous avons eu le plaisir de nous positionner exactement sous un chauffage à gaz. Avec le froid et la pluie, les chauffages ont été bien agréables.

mardi 23 avril 2013

Hanggai

 

Ouh, c'était la joie vendredi passé, le groupe Hanggai était de retour à Shanghai, la soirée ne pouvait être que festive !

Hanggai ? Ça se mange ? ça se boit ? ça se joue ? Pas du tout... Hanggai, ça s'écoute, ça se danse, ça se chante, et surtout ,un concert de Hanggai, ça se vit. Et je m'en réjouis à l'avance.

Leur "tube"

Trouvé sur Wikipedia : "Hanggai (chinois simplifié : 杭盖乐队 hánggài yuèduì, mongol cyrillique : Хангай) est un groupe de musique pop punk mongole formé à Pékin en 2004 et qui produit un métissage de musique mongole traditionnelle et de Punk rock. Le terme Hanggai est un mot mongol qui fait référence à un paysage idéalisé de pâturages, montagnes, rivières, arbres et un ciel bleu."  Je souris en lisant punk rock. C'est vrai que dans un pays où les ballades sirupeuses canto-pop dominent le marché, Hanggai peut paraître punk

Un peu plus punk rock, peut-être

Heureusement que j'ai trouvé sur Arte.tv un texte qui me convient mieux : "Avec Hanggaï, c'est bouchées doubles. Grâce à leur chant diphonique, les Mongols à crête veulent conquérir le monde à la vitesse d'un cheval au galop ! En 2007, les six musiciens de Hanggai se sont donné pour mission de traduire dans un style moderne la richesse millénaire des musiques de Mongolie. Ayant grandi à Pékin, Yiliqui, le leader du groupe, a dû réapprendre la langue de ses ancêtres et le chant diphonique, tandis que ses partenaires prenaient des cours d'instruments traditionnels du pays des yourtes. Un grand écart quand on sait qu'il a encore cinq ans, ces néo-mongols taquinaient l'iroquoise au sein d'un groupe punk pékinois. En 2007, le documentaire allemand "Beijing Bubbles" raconte la scène punk et rock de Pékin. Dans une Chine où le modèle dominant est devenu l'homme d'affaires en Rolex, ces groupes partagent tous la même philosophie: "Fuck the System!" Parmi eux, "T9", emmené par Yiliqui, passe en plein tournage d'un son rock pur et dur à la découverte de ses racines. En se souvenant des mélodies de son enfance que lui chantait son grand-père, Yiliqui laisse tomber la Tsing-Tao (bière chinoise) pour l'Airak, le lait de jument fermenté. Ni une ni deux, il apprend le khöömei, le chant diphonique qui permet de produire deux sons distincts à la fois : avec sa gorge et avec sa bouche.Hanggai, c'est la nature selon les Mongols.

Cette drôle de voix

Celle des steppes qu'arpenta Genghis Khan il y a huit siècles pour construire le plus vaste empire contigu de tous les temps. Un mythe que redécouvrent avec fierté Yiliqui et ses amis, qui jusque-là ne connaissaient que le béton de Pékin. Grâce à eux, le monde entier redécouvre les joies du chant diphonique." (Julie Terrasson) Voilà donc d'où vient l'étiquette punk !

Certainement mon morceau préféré : Hai La

J'ajouterai encore quelques remarques glanées ici et là : les explorations musicales de Yiliqui l'expose à des contradictions liées à la redécouverte de sa propre culture dans un monde moderne; il a dû réapprendre la langue mongole pour chanter un monde qui disparaît rapidement, un monde qu'il n'a jamais connu.  Oui, les racines de la musique de Hanggai sont à rechercher dans la musique traditionnelle mongole, mais leur musique n'est plus celle des Mongols de l'époque de  Genghis Khan.

Est-ce que c'est de la musique chinoise ou mongole ? C'est compliqué, la relation entre l'ethnie majoritaire Han est ses voisins  - Tibétains,  Ouïghours, Mongols, ... - est compliquée . Les Chinois considèrent - dans un élan de générosité? - que tout est chinois au sens large ! Par analogie, on peut se demander si la musique celte est française ou irlandaise ou anglaise... avec une touche d'exotisme.




 









lundi 22 avril 2013

Yongkang Lu 2013

Yongkang Lu, avril 2013
Je ne le dirai jamais assez : ici tout change très vite. Une rue peut disparaître, une autre, bordée d'arbres, verra le jour en moins de temps qu'il le ne faut pour écrire. Un commerce qui a pignon sur rue depuis 5 ans est considéré comme une institution, alors que chez moi il faut 5 générations pour la même reconnaissance.





Trois petits nouveaux, tous des bars



J













J'ai parlé de Yongkang Lu en 2011, puis en 2012, pour démontrer les changements provoqués par l'arrivée progressive d'expatriés dans cette petite rue de la Concession française. On aurait pu penser que la transformation était terminée l'année passée. Erreur, ce n'était qu'un début !

On vide un endroit pour en remplir un autre
Voici le pub irlandais, tout beau, tout neuf



Une boulangerie française
Le changement opéré au sein de cette rue tient d’une décision des autorités et ne semble pas plaire à tout le monde. Il faut dire qu'au-dessus des commerces, les habitants sont restés les mêmes, tous chinois, tous habitués aux klaxons des voitures, aux invectives des passants, à la vie chinoise. Alors quand à tout cela s'ajoute du tapage nocturne c'est la guerre entre les locaux et les expatriés qui investissent en nombre les terrasses des bars et cafés. Étrangers et jeunes fêtards envahissent tous les week-ends cette rue. Les riverains se sont mis à asperger les clients d’eau et de projectiles.




















Pour éviter que cette intolérance prenne de l’ampleur, diverses mesures semblent se mettre en place. D'accord pour que les clients prennent un verre sur les terrasses, mais jusqu'à 22 heures, après on rentre tous à l'intérieur et on ferme les portes.
 
Des affichettes ont aussi été placées dans les vitrines
recommandant d'éviter les rassemblements et même de consommer
à l'extérieur
150 mille étrangers, ce n'est pas beaucoup, mais quand ils se réunissent pour faire la fête, même s'ils ne sont pas tous à Yongkang Lu, cela peut être bruyant. Et si les autorités n'avaient pas tout prévu? En tous cas, les altercations dues à St Patrick ont valu un article dans le Telegraph. Pas sûre que cela aide beaucoup les résidents...


Voici encore quelques commerces qui ont survécu... ou presque. Les reverra-t-on l'année prochaine ?

En 2012, les dames du salon de manucure avaient
déjà réduit la grandeur de leur salon. En 2013,
il ne reste presque plus rien de leur boutique.
Qui va s'installer ici?
Le coiffeur tient le coup

Les chaussures et, à côté les, vêtements chinois ont résisté...


... tout comme les produits de beauté
La réparatrice de fermetures éclair aussi !


Le peu sympathique Jiji est indéboulonnable
Par contre le mini supermarché est vide.


Les habitations et
les habitants sont restés


samedi 20 avril 2013

Le téléphone remplace la file d'attente


Le Chinois est patient, j'ai déjà parlé des files d'attente.

Le Chinois peut aussi avoir de bonnes idées. Comme pour résoudre les files d'attente interminables dans les hôpitaux. Dans un premier temps, les dossiers des patients ont été déposés sur Internet afin qu'ils soient accessibles aux médecins des hôpitaux de la ville sous la supervision d'un officiel pour des raisons de sécurité. Attention, que les hôpitaux officiels (j'apprends donc qu'il y a des hôpitaux "pirate") ! Cette nouvelle approche permet ainsi d'éviter les contrôles de base fait chaque fois que le patient se rend à l'hôpital et d'attaquer directement le vif du sujet. Le patient peut aussi accéder à son dossier et, surtout, prendre ses rendez-vous en ligne pour lui éviter de passer des heures dans une salle d'attente bondée. C'est bien, ça, non?

Une toute petite file d'attente de rien du tout
Je vois bien, depuis le vaste monde, on s'imagine la Chine un peu en retard, pas très branchée, plus le Tiers-monde, mais pays émergent, comme on dit, et on se dit "de nouveau un truc pour les privilégiés!" Et on se trompe...

Et on se trompe. Internet, particulièrement depuis l'avènement des smartphones, est partout. Dans toute la Chine 74.5% de la population était connectée. 420 millions de Chinois sont des androïds (et les autres des consommateurs de pommes, je suppose). J'imagine que ces chiffres doivent être encore beaucoup plus élevés à Shanghai. On fait ses achats sur le web, on écoute de la musique, on regarde des films en streaming, on lit, on joue. Il n'y a qu'à se déplacer en métro pour s'en rendre compte.On peut donc aussi consulter son dossier médical et prendre son rendez-vous.

Est-ce un hôpital officiel ? Maintenant je me méfie...

mardi 16 avril 2013

Site du Premier Congrès national du PCC


Enfin, quand même...

Il y a des incontournables qu'il m'arrive de contourner. Pas intentionnellement, attention, pensez, le site du premier congrès national du PCC, je n'oserais pas. Pas parce que le site est loin de chez moi, 3 stations de métro, une dizaine de minutes de marche à travers le très touristique quartier de Xintiandi. Non, les files d'attente composées d'écoliers parfois, mais surtout de vaillants retraités à casquettes m'ont toujours découragée.  Et voilà qu'au lendemain de Qingming, alors que nous n'avions aucune intention d'entrer dans l'illustre bâtisse, le trottoir devant l'entrée était désespérément vide, il ne fallait pas rater l'occasion.


Le bâtiment gris joliment restauré est un lilong traditionnel  sur deux étages, situé au 76, Xinye Road, à l'est de l’ancienne Concession française. Sa situation actuelle, au milieu de restaurants, boutiques et clubs à la mode, dans l'un quartier où le mètre carré de terrain est l'un des plus élevés de la ville, peut prêter à sourire... ou démontre la progression de la Chine dans sa transformation économique. Pour les Chinois, pas de contradiction : le capitalisme est une notion économique, alors que le communisme est politique, ils ne s'opposent pas. Un pays communiste peut se développer dans une économie capitaliste. C'est vrai, nous le constatons au quotidien !

C'est à cet endroit que  le 23 juillet 1921 est né le Parti communiste chinois dans une totale clandestinité le congrès fondateur du parti communiste chinois réunissant 13 Chinois dont Mao Zedong et deux députés de l'Internationale communiste.

Au départ de la visite, nous avons eu droit à un billet d'entrée à particularité chinoise : un bureau dans la cour intérieure, deux personnes pour le délivrer, un contrôleur de billet, tout ça pour un billet gratuit, en couleur, et numéroté !


Le musée, grâce à de nombreux documents et photos, retrace la naissance du PCC. On y trouve même une reconstitution en cire du premier meeting politique.

Trouvé sur Internet puisqu'il était interdit de photographier cette
scène historique
Le Programme du Parti adopté lors du congrès fixait les objectifs du Parti : renversement de la bourgeoisie au moyen de l'armée révolutionnaire prolétarienne, établissement de la dictature du prolétariat, abolition du régime de propriété privée des moyens de production — tous ces objectifs visant à l'élimination des classes. De plus, le programme confirmait le centralisme démocratique comme principe d'organisation du Parti et définissait la discipline du Parti. Le congrès a fixé pour le Parti comme tâche essentielle et immédiate de prendre la direction des mouvements ouvriers.


Shanghai, ville de forte concentration ouvrière et place-forte du capitalisme, foyer de rassemblement d'intellectuels modernistes, est le laboratoire où peuvent naître et se développer les mouvements révolutionnaires. Le régime des concessions, par la relative protection qu'elles offrent, permet en outre à ces théories de s'exprimer avec plus de liberté. Les principes de démocratie, de droits de l'homme, les idéaux de la révolution française y sont revendiqués par la jeune intelligentsia, qui dénonce en même temps la présence étrangère. La direction du PCC s'installe donc dans la concession, et particulièrement, son secrétaire général, Chen Duxiu, professeur de littérature francophile, converti au marxisme en 1920. Le premier congrès du Parti communiste et ses activités n'échappent pas à la surveillance policière. Chen Duxiu, qui tient dans sa maison de la rue Vallon, une école de langues tenant lieu d'officine de traduction et de diffusion de textes émanant du Komintern et passant pour subversifs est l'objet d'une dénonciation et arrêté le 4 octobre 1921 puis en 1922. Grâce aux appuis dont il bénéficie il sera l'objet d'une clémence relative de la part des autorités françaises.

Chen Duxiu
Par ailleurs, Chen Duxiu est l'un des inspirateurs du mouvement travail et études qui, dès 1919, permet à 2 à 3000 étudiants-ouvriers - parmi lesquels les deux fils de Chen Duxiu - de s'embarquer vers Marseille. Le mouvement souffre des mauvaises conditions économiques en France à cette époque et il se termine assez mal en 1925. Le 30 mai, la police de la concession internationale a tiré sur un cortège de manifestants qui soutenaient les ouvriers en grève d'une filature japonaise de la banlieue ouest de Shanghai, faisant 13 morts et déclenchant la colère à travers tout le pays et un mouvement révolutionnaire préfigurant les évènements de 1927. A Paris, les étudiants chinois soutiennent le mouvement, obtiennent l'appui des communistes français, lancent des appels à l'insoumission aux marins envoyés par la France pour protéger la concession. Parmi eux, des leaders - et non des moindres - de la révolution chinoise : Zhou Enlai ou Deng Xiaoping, pour lesquels le séjour en France, malgré ses difficultés, a joué le rôle d'apprentissage.

En poste à Shanghai de novembre 1925 à décembre 1927, le consul général Paul-Emile Naggiar a été le témoin des évènements que Malraux transcrira dans La Condition humaine (1933).

Ah, que l'histoire récente chinoise est riche... Et ce n'est pas dans des musées comme celui-ci que l'on pourra en trouver une transcription fidèle... Cumuler les sources, souvent étrangères, pourrait offrir une piste, tout comme les compte-rendus d'anonymes chinois qu'on trouve dans les librairies internationales.

Mao tout jeune en 1921.